[INTERVIEW] Yves Bichet : "Il m'importe de réhabiliter certains gestes oubliés"

Geste professionnel, geste amoureux, geste anodin, geste furtif, geste maladroit… Ancien maçon, Yves Bichet s’y connait en gestes et les met en lumière dans son dernier livre "La beauté du geste".

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[INTERVIEW] Yves Bichet : "Il m'importe de réhabiliter certains gestes oubliés"
Tara Lennart

Tara Lennart

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6/5/2023
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3 min
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Geste professionnel, geste amoureux, geste anodin, geste furtif, geste maladroit… Ancien maçon, Yves Bichet s’y connait en gestes. Il sait tout de leur importance, de leur précision. Il sait les repérer mieux que personne, les attrape au vol comme on attraperait un papillon, vivement mais avec délicatesse pour ne pas l’écraser. Les  22 courts récits qui composent ce recueil forment une trame où voisinent poésie et observation, humour et sensibilité. Véritables polaroïds, ils peignent une réalité subtile qui prend vie au fil des pages. Ces gestes décrits, ce sont avant tout des rencontres, parfois furtives, parfois brèves, mais profondément humaines. Rencontre avec un écrivain qui capture la poésie pour la libérer dans ses pages.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire sur les gestes du quotidien ?

Je gagne ma vie avec mes mains depuis l’âge de 18 ans (salarié agricole pendant 9 ans, puis entrepreneur du bâtiment pendant une trentaine d’années). Ce besoin de parler du geste était devenu une évidence pour moi.


Comment avez-vous choisi les gestes dont vous parleriez, comment certains se sont-ils imposés ?

Les gestes de l’artisan sont méconnus, peu célébrés (parfois même méprisés) à l’inverse de ceux du chirurgien par exemple, de l’infirmière, du danseur, du comédien, du musicien, du sculpteur, des sportifs ou même de certains journalistes ou hommes politiques. Il m’importait de réhabiliter, autant que faire se peut, certains gestes oubliés mais indiscutablement beaux.


L’écrivain a-t-il des gestes particuliers ?

Les gestes de l’écrivain sont inintéressants en eux-mêmes. Les auteurs s’entourent parfois de rituels plus ou moins obsessionnels ponctuant leur quotidien mais, en lui-même, le geste d’écrire n’est qu’une simple et très monotone agitation des doigts... D’où certaines interrogations dans ce livre.


Quel est le plus beau geste pour vous ? Est-il dans votre livre ?

Je ne sais pas si le geste de tenir la main d’un mourant quand les mots sont devenus inutiles peut être qualifié de beau. Serrer entre ses doigts la main d’une personne aimée en train de quitter la vie est le plus dérangeant et le plus indispensable des gestes.  Si je n’en ai pas parlé dans ce livre, c’est que je craignais de tomber dans le sentimentalisme. Cet ultime mouvement des doigts est absolument adéquat avec la vie. Il n’a rien de complaisant. Il est juste poignant et très beau.

La beauté du geste. Yves Bichet. Editions Le pommier

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