Excellence, cheval, Italie, les trois mots-clé de ce roman ado où règne une ambiance poisseuse, alourdie par les non-dits et l’abus.
Olivier Martinelli a un truc : quand on le lit, on a l’impression qu’il écrit sur des copains, des gens avec qui on passe nos soirées, nos week-ends, notre vie, un peu. C’était le cas avec « La Nuit ne dure pas » (publié chez 13e Note en 2011), l’histoire de ces trois frères qui montent un groupe de rock à Bordeaux, les Kid Bombardos. Forcément, quand on passait ses nuits dans les clubs indés décrits, à transpirer en buvant de la bière tiède, ça prenait un sens quasi mystique.
Mais il se trouve que de l’eau a coulé sous les ponts, que les clubs en question ont fermé et que les folles nuits bordelaises ne sont plus qu’un souvenir amusé, parfois amer, souvent nostalgique. Et que le nouveau roman d’Olivier Martinelli ne parle pas du tout des Kid Bombardos ni de Bordeaux et qu’il provoque le même genre d’effets. Le pitch est simple, pourtant, simple et efficace : il nous parle d’Antoine Bardani, grand ado un peu gauche et pas très confiant qui va découvrir un sens à sa vie dans la musique et monter un groupe de rock. On n’est pas très loin du roman d’apprentissage cher aux américains. Comment un pauvre ado pas très intéressant et plutôt banal prend confiance en lui, découvre la vie et devient peu à peu adulte.
Olivier Martinelli nous parle de nous à travers ses personnages, il nous rappelle comment on devrait être à l’âge de son héros Bardani, clin d’oeil au génie John Fante et son Bandini. Mal dans nos baskets, la tête pleine de rêves et d’aspirations, d’envies et de peurs, et comment on a réussi à les dépasser (ou pas trop, mais au moins on fait semblant) pour devenir des adultes pas trop ratés. Bardani nous prévient dès le début : il veut nous raconter sa vie, comment il est en vrai, comment ça s’est passé pour lui, sans mentir ni trop travestir ce qui le gêne. Et il en découle un roman fluide, dans lequel on plonge immédiatement sans se poser de question et dont on suit le flot, parfois amusé, parfois ému, toujours touché par le récit de ce type trop sincère pour être totalement bien dans sa peau. Et son imperfection nous parle, nous rassure. Nous non plus on n’est pas trop sûr, et putain, les Jesus and Mary Chain, ça déchire!
Petit extrait pour se mettre dans le bain :
« Mes parents, ce qui les inquiétait, c’est qu’ils ne me voyaient pas travailler. Ma mère me parlait du Bac Français trois fois par jour. Mais aucun des textes que je devais présenter ne m’emballait vraiment. Franchement, Stendhal ne pourra jamais rivaliser avec les Jesus and Mary Chain »Une Légende, d’Olivier Martinelli. E-Fractions Editions