Excellence, cheval, Italie, les trois mots-clé de ce roman ado où règne une ambiance poisseuse, alourdie par les non-dits et l’abus.
On ne présente plus cette petite dame, artiste accomplie et icône encore en vie. Si son premier roman, « Just Kids » a donné au grand public l'opportunité de découvrir sa plume, nombreux sont les adorateurs de sa poésie si humaine. Et nombreux sommes-nous à sauter de joie devant la parution de « Glaneurs de Rêves », ce petit texte ciselé, achevé le jour du quarante-cinquième anniversaire de l’artiste.
Ecrire sur Patti Smith est un exercice compliqué quand on la vénère et qu’elle nous rappelle quelqu'un de notre famille. Elle dégage quelque chose de touchant et sincère, qu’elle soit sur scène en train de cracher par terre, dans les bottes de la « godmother of punk », ou en train d’écrire, dans les chaussons de l’écrivain et poète, les mains dans les poches d’un paletot usé. Patti Smith, c’est un souvenir adolescent confus : la découverte de son univers par « Gone Again » et la réconciliation avec la poésie contemporaine. Oui, contre toute attente, on peut être en vie au 20e ou 21e siècle et écrire une poésie de la même essence vibrante qu’une Illumination ou une Fleur du Mal. Patti Smith offre des instants d’éternité, nourrie par l’inspiration des dieux de la poésie qui lui sont si chers : Blake, Keats, Rimbaud, Whitman…sans pour autant tomber dans une imitation mièvre ou fascinée. Elle s’inspire, navigue, distille des bribes d’éternité au détour de ses mots.
Comment décrire « Glaneurs de Rêves » ? Comment parvenir à rendre, en l’espace d’une critique maladroite et profane, l’essence magique, la finesse stylistique, la richesse émotionnelle et la beauté qui se dégagent de ces cent pages ? Ecrire sur de la poésie, ce n’est pas facile, il faut l’avouer. C’est encore moins facile quand on a l’impression de retrouver des bribes de son espace symbolique dans les lignes d’un livre, d’évoluer dans un espace familier. Patti Smith parle de son enfance, reliée à la nature, de ses aspirations de petite fille, de ses impressions en arpentant les rues du New-York des années 70. Les souvenirs se mêlent aux invocations, la réalité avec la fantasmagorie, la nostalgie avec l’humour. Patti Smith donne envie de rêver, loin du bruit vulgaire d’un monde qui a oublié d’égrener dans sa course, des rimes…
Petit extrait très représentatif de l’esprit du livre…
« J’ai toujours imaginé que j’écrirais un livre, ne serait-ce qu’un petit livre, qui emmènerait le lecteur dans un royaume qui ne pouvait être mesuré ni même évoqué par le souvenir »
Glaneurs de Rêves de Patti Smith. Editions Gallimard