Excellence, cheval, Italie, les trois mots-clé de ce roman ado où règne une ambiance poisseuse, alourdie par les non-dits et l’abus.
Il est amusant, décidément, ce Frédéric Beigbeder. Il appartient à une catégorie d’auteurs que l’on déteste adorer et adore détester à la fois, critiquant ses livres pour les lire inconditionnellement et vantant ses mérites de critique littéraire pertinent (sans doute pour mieux justifier ladite lecture de romans générationnels). Frédéric Beigbeder a fait le tour de la question de l’amour, de la conquête amoureuse, de l’alcool, de la nuit, de la drogue, des rapports sociaux, des paradoxe humains, sur quoi peut-il bien écrire, maintenant qu’il est marié, heureux, sage et se cache dans le Pays Basque à la manière d’un Salinger dandy ?
Eh bien il aborde ces thèmes, mais pas comme d’habitude. Le narrateur traverse ici une fracassante crise existentielle qui l’amène à rechercher la vie éternelle par toute une série de procédés technologiques transhumanistes proches de la science-fiction. Si le style se révèle un peu lourd, parfois, un peu plus empesé, le propos finit par l’emporter. Frédéric Beigbeder manie l’auto-dérision et la culture avec finesse, transforme les clichés en faits acceptables. La façon dont il soulève les questions et angoisses existentielles, avec une sorte de désinvolture élégante, balaie aisément les petits défauts en pointillés. Finalement, un noctambule poly toxicomane repenti parvient à déployer une tendresse touchante dans ce qui n’est qu’un vaste prétexte à une très belle ode à la paternité. Comme quoi, vivre vieux, ça a l’air d’être pas trop mal… Editions Grasset