Excellence, cheval, Italie, les trois mots-clé de ce roman ado où règne une ambiance poisseuse, alourdie par les non-dits et l’abus.
L'horizon s'élargit, s'ouvre, se déploie. Entre proximité et ailleurs, entre papier et numérique, entre ici et maintenant, Marie Trébaol et Dorothy Aubert, les jeunes et pétillantes éditrices de la "nouveau né" maison Belleville emmènent leurs lecteurs à la rencontre des littératures d'autres pays, à la fois proches et lointains. Rencontre avec des éditrices qui ont vu du pays !
"On est éditrices parce que c’est un métier qui nous surprend tous les jours. Nous étanchons notre soif de curiosité, mais en même temps, nous pouvons concrétiser nos idées et partager une certaine vision de la lecture, créatrice de passerelles entre les gens, les arts, les pays, les langues. Éditer c’est créer le meilleur espace d’expression possible sous certaines contraintes. Un petit défi au quotidien."
Comment êtes vous devenues éditrices ?
Nous avons emprunté des chemins différents pour en arriver ensemble à peu près au même stade. C’est un métier découvert pendant nos études (au collège, on se dit rarement “quand je serai grande, je serai éditrice”) qui signifie aussi intégrer un “milieu” opaque (même si nous n’aimons pas ce terme). Finalement, en insistant et en multipliant les expériences dans des maisons parfois aux antipodes de ce que nous proposons aujourd’hui, ce n’est pas si difficile. Concrètement, c’est un métier que l’on apprend sur le tas.
Notre ligne nous ressemble
Comment avez-vous défini la ligne éditoriale de votre maison ?
C’est une réponse assez classique mais nous dirions naturellement. Notre ligne nous ressemble. Notre catalogue se construit autour de rencontres faites en partant à la découverte de l’ailleurs, avec cette ambition de ramener des histoires qui marquent le paysage culturel d’un lieu. C’est quelque part assez précis, mais ça laisse également une bonne part à l’improvisation. Nos premiers choix portent souvent sur la place des femmes dans un pays, mais aussi sur le poids des traditions ou d’un héritage politique, ou encore sur la mixité sociale. Nos décisions sont guidées par notre envie de mieux comprendre et apprivoiser les pays que nous explorons.
nous souhaitons créer des passerelles
Comment se passe le travail en binôme, la répartition des tâches ?
Nous essayons au maximum de tout faire à deux. La sélection des textes comme le travail éditorial, c’est ensemble. Pour le reste, c’est en fonction de nos facilités, notre disponibilité et nos envies. Nous nous soutenons quotidiennement en nous encourageant et en nous imposant des deadlines. On se structure. Ainsi Dorothy qui est à l’origine de nombreuses rencontres à l’étranger se charge des négociations ou des dossiers d’aides à la traduction. Marie s’occupe de la partie web et numérique ou encore des devis. Pour la comptabilité ou le juridique… personne ne bataille pour s’en charger ! Mais on s’en sort toujours.
Comment avez-vous pensé votre rapport entre numérique et papier, cette complémentarité ?
C’est le mot, complémentarité, et non contradiction ! Nous sommes bien sûr lectrices et nous avons rapidement pris l’habitude de la liseuse. Comme beaucoup, nous pratiquons également le smartphone au quotidien. Le numérique est vite apparu comme un excellent moyen de prolonger notre volonté d’emmener les lecteurs en voyage. Le web nous permet de proposer un vrai plus sans sacrifier le livre papier. Encore une fois, nous souhaitons créer des passerelles : inviter des lecteurs traditionnels à essayer le digital et ramener des personnes qui ont délaissé le papier vers la lecture de romans. Un vœu pieu pour certains. Pour nous, c’est l’un des enjeux de notre génération.
Comment choisissez-vous vos auteurs, allez-vous les « débusquer » dans les pays où vous séjournez ?
Le scénario est assez variable, mais cela commence généralement par une visite en librairie dans le pays que nous découvrons. Nous trouvons un libraire avec lequel nous partageons une langue, nous discutons du paysage littéraire de son pays, et lui demandons de nous parler des auteurs qui sont importants - non par leurs chiffres de ventes, mais plutôt par le message qu’ils véhiculent. Ensuite, nous rencontrons les agents, les éditeurs ou directement les auteurs. Si notre lecture (ou quand nous ne lisons pas la langue, celle de l’un de nos collaborateurs) confirme notre intérêt, nous signons un contrat. Et croyez-nous, ce n’est pas toujours simple, mais ça en vaut toujours la peine !