Excellence, cheval, Italie, les trois mots-clé de ce roman ado où règne une ambiance poisseuse, alourdie par les non-dits et l’abus.
Créée en 2010 à l'initiative du poète Bruno Doucey et de la romancière Murielle Szac, la maison porte une certaine vision de la poésie contemporaine : élégante, choisie, vivante. Avec plusieurs centaines de titres publiés sous des jaquettes colorées, les éditions Bruno Doucey distillent des mots des quatre coins du monde.
Je suis éditeur parce qu’il... faut toujours quelqu’un pour transformer la forme privée des utopies en force collective.
Comment êtes-vous devenu éditeur de poésie ?
Concrètement lorsqu’on m’a proposé, en 2002, de prendre la direction des Éditions Seghers, puis avec un engagement total, en 2010, en créant ma propre maison d’édition. Mais avant, bien avant, je rêvais déjà d’enrouler le fil des écritures d’autrui au fil ténu de ma propre écriture. Poètes, éditeur de poètes… Avec le temps, c’est une corde solide que nous tressons. Celle qui relie les êtres, les générations, les langues, les cultures. Celle que nous arrimons aux continents pour éviter que le monde ne se disloque.
Comment avez-vous défini la ligne éditoriale de votre maison ?
En quatre points, comme les quatre points cardinaux :
- Ouverture aux poésies du monde, en privilégiant autant que faire se peut les éditions bilingues
- Ouverture au plus grand nombre, en faisant la nique à l’élitisme qui prévaut trop souvent dans l’édition de poésie
- Défense des écritures qui ne dissocient pas le lyrisme et l’engagement, l’expression de l’intime et le souci du monde
- Place faite à l’oralité et aux rencontres avec le public, la poésie étant un art vivant comme le théâtre et la chanson
Quelles sont vos maisons préférées à part la vôtre ?
Actes Sud, Cambourakis, Emmanuelle Collas… Toutes celles qui déplacent les lignes d’horizon.
On raconte de tout sur les sélections de manuscrits, comment les lisez-vous ? Comment choisissez-vous vos auteur·ice·s ?
C’est un point délicat puisque nous sommes littéralement submergés par les sollicitations. Pour avoir une chance d’être retenu un manuscrit doit être le lieu de deux rencontres : l’une avec un texte, une écriture, un univers ; l’autre avec un auteur/une autrice, une personne, un possible compagnon de route. J’attends d’un manuscrit ce que j’attends d’un livre que j’achète : qu’il provoque en moi une commotion, qu’il m’empêche de dormir, qu’il ouvre des portes et des fenêtres là où n’y a que des murs.
Quelles sont les spécificités des manuscrits de poésie ? Qu’est-ce qui fait la singularité d’une voix ?
Tout compte : les images et la musicalité, la forme et le sens, la mise en espace du texte et la construction du recueil, son originalité, la singularité de sa voix. Sans omettre les chemins qui invitent le lecteur à pratiquer le voyage immobile.
Quels sont les titres que vous préférez chez vous ?
Ils sont trop nombreux pour être cités… Un catalogue d’éditeur est un biotope. Toutes les espèces, toutes les essences y ont leur place. Diversité et richesse sont indissociables.
Qu’est-ce qui vous plait le plus dans ce métier ?
La même que dans un trek en montagne : l’effort pour atteindre le col, et l’arrivée dans la lumière ; le passage d’un versant à l’autre ; les changements incessants de paysages ; la transformation du temps qui passe en chemin parcouru ; les rencontres au bivouac ; l’énergie dépensé et l’énergie reçue ; un accès privilégié à la beauté des choses.