Excellence, cheval, Italie, les trois mots-clé de ce roman ado où règne une ambiance poisseuse, alourdie par les non-dits et l’abus.
Après la chronique, l'interview. Quelques questions à Constance Debré pour revenir sur l'univers de l'écrivain derrière Play Boy, sa façon de regarder le monde et de considérer l'écriture. Toujours avec ce rythme nerveux, vivant et cash, elle nous répond.
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre ? J’ai écrit Play Boy par goût du pouvoir et du plaisir qu’il procure. Ecrire est un coup d’état, l’affirmation d’une autorité sans justification ni explication et qui se fout d’être légitime. C’est comme dans l’amour, quand on se penche et qu’on prend.Play Boy suscite des réactions, positives et négatives assez vives, qu’en pensez-vous ? Je ne m’attendais pas à ce que ce livre puisse plaire à des lecteurs si nombreux ni si différents, ni que la critique soit globalement si favorable. Quant aux critiques négatives elles m’ont rassurée, c’est important de déplaire et j’ai toujours trouvé infiniment sexy d’avoir des ennemis. Quels sont les écrivains qui vous inspirent ? Ceux qui mettent leur peau sur la table, ceux qui savent qu’on n’est pas là pour rigoler, ou alors très fort, qu’on n’est pas là pour raconter des histoires, pour faire joli, ceux qui n’ont peur de rien, et qui sont prêt à crever pour essayer de dire ce qu’on arrive jamais à dire. Je suis affamée de pulsion vitale, je me nourris de celles autres, de leurs colères, de leurs obsessions, de leurs chagrins de leurs élans, je suis affamée de tout ce qui déborde, de tout ce qui est vrai, de tout ce qui ne s’excuse pas d’exister. L’inspiration vient de mes contemporains, de ceux qui parle de l’existence ici et maintenant, dans le détail, dans la précision, et qui chacun à leur manière ont tout résolu par un style (puisque c’est en fait la seule question) parfaitement singulier et parfaitement moderne, c’est-à-dire beau sans être joli, et toujours simple (à l’époque où tout le monde porte des jeans on ne peut pas écrire comme au temps des corsets, des chiffons, des froufrous) : Dustan, Angot, Despentes, par exemple. Pourquoi autant de temps entre votre premier roman Un peu là beaucoup ailleurs et Play Boy ?Entre les deux, j’ai beaucoup plaidé, et plaidé c’est parler, autrement. Et tout à coup ce pouvoir là on veut en faire autre chose, quelque chose de plus radical, alors on laisse tout tomber et on n’en plus rien à foutre de rien et on se met à vivre avec son ordinateur, comme un taré, et on sait qu’on a raison, que c’est la chose la plus importante qui soit.