Portée sur les éditions collector soignées et enrichies d’illustrations bienvenues, la maison Callidor ressuscite Dracula dans un véritable écrin, enrichi par des aquarelles de l’artiste québécois Christian Quesnel, particulièrement à l’aise dans les mondes imaginaires.
Ah, Dracula ! Sans doute l’un des plus beaux romans d’amour jamais écrit. L’un des plus beaux romans de la littérature mondiale, en toute objectivité totalement personnelle. Mille fois adapté, décliné, revisité, il survit aux siècles, à l’image de son héros, le mythique vampire romantique qui a « traversé les océans du temps » pour retrouver la femme qu’il aime. Portée sur les éditions collector soignées et enrichies d’illustrations bienvenues, la maison Callidor ressuscite Dracula dans un véritable écrin, enrichi par des aquarelles de l’artiste québécois Christian Quesnel, particulièrement à l’aise dans les mondes imaginaires. Rencontre avec un illustrateur qui navigue entre le documentaire et la fantasmagorie.
Quelle a été votre première rencontre avec le comte Dracula ? Quand avez-vous lu ce roman pour la première fois ?
Ma première rencontre avec le personnage de Dracula s’est faite à travers le film de Coppola. J’ai surtout voulu voir ce film pour le talent du réalisateur, plus que pour le vampire lui-même. Et j’ai été agréablement surpris de découvrir un personnage plus complexe que je ne le pensais au départ, donc j’avais beaucoup apprécié. Je n’ai lu le roman que lorsqu’est venu le temps d’en faire les illustrations pour les éditions Callidor.
Qu’est-ce qui vous a amené à illustrer cette édition collector ?
L’éditeur de Callidor, Thierry Fraysse, m’avait déjà contacté à l’été 2023 pour me dire qu’il appréciait mon œuvre, qu’il voulait connaître mes projets à venir et qu’il aimerait éventuellement travailler avec moi. Au fil des discussions, celui-ci m’a demandé sur quel projet j’aimerais travailler et je lui en ai soumis quatre dont mon dernier choix était Dracula. J’ignorais à l’époque qu’il s’agissait d’un roman de plus de 650 pages ! J’en avais fait mon dernier choix car, comme tout le monde, je savais que le projet avait été traité à maintes reprises et qu’il est parfois difficile de trouver sa propre voix lorsqu’un sujet est aussi connu et présent dans la culture populaire.
Comment avez-vous travaillé pour réaliser ces illustrations ?
J’ai tenté de maintenir une ligne éditoriale claire autour des illustrations du livre pour que l’ensemble ait une certaine cohérence dans l’ouvrage. Thierry m’a demandé de répartir les illustrations de la façon la plus égale possible parmi les chapitres et c’est ainsi que je lui ai fait parvenir les illustrations individuellement au fil de mes inspirations. Certaines illustrations ont demandé beaucoup plus de temps que d’autres à jaillir de mon imaginaire, et la plupart du temps, il n’y avait pas d’esquisse et je les ai sorties d’un seul trait.
Vous êtes auteur de BD, qu’est-ce qui différencie un travail d’illustration d’un travail de création de BD ?
La bande dessinée étant un art narratif, j’ai l’habitude de réaliser des images qui sont précédées et suivies d’autres dans le but de créer un sens lorsqu’elles sont en coprésence. Pour mon travail d’illustration dans Dracula, j’ai dû synthétiser au maximum les séquences que je voulais illustrer pour que ces images soient pleinement autonomes. C’est ainsi qu’il y a une certaine mise en scène à l’intérieur de la même image. Mais surtout, j’ai fait appel au pouvoir d’évocation de l’image pour illustrer au maximum l’environnement et le contexte dans lesquels Dracula évolue.
Vous avez réalisé plusieurs œuvres en lien avec le fantastique en général et Lovecraft en particulier, qu’est-ce qui vous plaît dans cet univers ?
Je suis heureux que vous me parliez de mes univers fantastiques car je suis principalement connu pour mes œuvres documentaires sur des sujets de société souvent dramatiques, par exemple l’histoire du suicide au Québec ou la catastrophe ferroviaire de Mégantic. Ces ouvrages m’ont amené à travailler dans des univers très réalistes et sensibles à traiter. Élaborer des œuvres fantastiques me permet de m’éloigner des représentations réalistes et ainsi j’ai soudainement accès à une grande liberté graphique. Puisque ce sont des univers fictifs, je bénéficie surtout d’une pause au niveau émotif. En effet, travailler sur des documentaires ou des drames humains en bande dessinée nécessite une mobilisation émotive sur la table à dessin qui peut être très exigeante. Lovecraft et Dracula me permettent de respirer un peu et de m’éclater, esthétiquement parlant.
Quelles sont vos sources d’inspiration, qu’est-ce qui nourrit votre créativité ?
J’ai longtemps été influencé par des artistes tels Annie Goetzinger, Philippe Druillet et Moebius, mais aujourd’hui, je regarde surtout du côté de la nature qui est une source intarissable d’inspiration. J’ai la chance de vivre dans la campagne québécoise où j’ai un accès privilégié à la nature. Par exemple, dans Dracula, J’ai beaucoup illustré des éléments de la nature et plus particulièrement des animaux, mais j’ai aussi Illustré de nombreux décors et paysages qui permettent de faire émerger une atmosphère lugubre propre à mettre en scène le comte Dracula.