Excellence, cheval, Italie, les trois mots-clé de ce roman ado où règne une ambiance poisseuse, alourdie par les non-dits et l’abus.
A la fin de l’été (et le reste du temps, aussi, pour certain.e.s), on ressent comme une envie de partir. Loin. Ailleurs. Plus loin encore… Pour vous tenir compagnie ou tenir lieu de voyage, William Finnegan et Jim Tully vous embarquent sur de drôles de routes.
Jours Barbares. William Finnegan.
Traduction de Frank Reicher. Vous aimez le surf ? Vous aimez le journalisme ? Vous aimez les récits de vie, les trajectoire hors normes et intenses ? Vous aimez l’océan ? Vous adorerez ce livre, superbe ode au surf, avant tout, mais aussi ode à la liberté. Amusant, presque, philosophique, aussi, de lire combien un reporter de guerre pour le New-Yorker voit dans l’océan une source permanente de remise à niveau, d’échelle ultime à laquelle l’homme peut se mesurer sans relâche afin de ne pas oublier sa propre dimension : minuscule. Que sommes-nous devant une vague monstrueuse, devant l’implacable danger et l’indescriptible plaisir que l’océan apporte à ses fidèles ? Le magnifique film Endless Summer montre en images combien le surf est une religion, une éthique, un mode de vie. Avec un sens époustouflant de la description, William Finnegan le confirme avec des mots. Quand on pratique le surf depuis des décennies, lire ce livre est jubilatoire. Il rappelle l’odeur de la wax, des embruns, le gout du sel sur les lèvres et le son de l’eau qui cogne la planche quand on rame vers le large… Quand on ne surfe pas, il est fort probable qu’il participe de la curiosité qui va vous envahir à l’approche d’une plage. Pourquoi ne pas emporter ce livre à la plage et essayer le surf ? Editions du Sous-Sol.
Ombres d’hommes. Jim Tully
Traduction de Titaÿna (revue par Cyril Gay). Hobo et journaliste (entre autres), Jim Tully a consacré sa vie à décrire une autre Amérique… celle des vagabonds, de ces marginaux mi-bandits mi-clochards (célestes, bien sûr), qui évoluent dans les contours du rêve américain. Il décrit une Amérique divisée où le refus des conventions choque et dérange, où on enferme ces électrons libres parfois dangereux, ces hommes qui ne respectent pas les valeurs brandies par cette nation déjà schizophrène. Sa plume est poétique, parfois âpre et brutale, emphatique envers les bandits décrits. En prison, où ils atterrissent souvent pour des délits allant du simple vagabondage au meurtre, les hobos se racontent à leurs collègues. Débrouille, embrouilles, rancoeurs, amitiés, fanfaronneries, noirceur se côtoient entre les murs des geôles qui les abritent de force. Entre nature writing et noir, ce livre traduit par l’intrépide Titaÿna est aujourd’hui publié dans on intégralité grâce à la révision de Cyril Gay. Et on se surprend à se demander ce que ça fait, de sauter de train en train, sans autre perspective que « où dormir ce soir ? » Lux Editions