Excellence, cheval, Italie, les trois mots-clé de ce roman ado où règne une ambiance poisseuse, alourdie par les non-dits et l’abus.
Rapport compliqué à l’extérieur, complexité intérieure propre à l’évolution adolescente, histoires personnelles douloureuses… Ces livres sont tout sauf des longs fleuves tranquilles.
Ma mémoire est un couteau. Laurie Halse Anderson.
Traduction de Marie de Prémonville. Laurie Halse Anderson appartient à cette étrange catégorie typiquement américaine d’auteurs à succès qualitatifs. Vedette outre-atlantique, multi récompensée et souvent finaliste du National BooK Award, elle est connue pour aborder des problématiques difficiles avec humour et sensibilité (nous avions parlé d’un de ses romans, au début de l’année). Dans ce roman à la première personne, écrit dans le style fluide et limpide qui caractérise LHA, on entre dans la vie d’Hayley, nomade forcée à cause d’un syndrome de stress post traumatique qui détruit la vie de son vétéran de père, rattrapé par l’alcool et la drogue au premier mouvement intérieur. L’adolescente prend sur elle, s’occupe de lui, refoule ses souvenirs et essaye d’incarner l’instant présent… Mais jusqu’où peut tenir un enfant qui prend soin d’un de ses parents ? Jusqu’où peut-il pousser l’abnégation ? Jusqu’où est-il possible de mener une vie « normale » quand on ne l’est apparemment pas, de gré ou de force ? S’il n’est pas trop dans mes habitudes de parler de young adult, avec cette maison d’édition, on se situe un peu hors champs, hors clichés et propose des livres qui nous donnent envie d’autre chose que frapper un adolescent avec ! Editions La Belle Colère
Pas d’éclairs sans tonnerre. Jérémie Gindre.
Drôle de livre ! Déjà : un suisse qui écrit du nature writing (qui a lieu dans l’Ouest canadien). Et qui l’écrit avec un souffle et une inspiration qui n’ont rien à envier à certains spécialistes du genre. Ensuite : la manière de raconter. Jérémie Gindre s’intéresse de façon presque scientifique à Donald, un petit garçon curieux et obsédé par les fouilles, l’archéologie, les Amérindien, sa propre origine et la nature. Jamais Donald, espèce de gamin bizarre que l’on pourrait soupçonner d’Asperger léger, ne se départira de son obsession d’enfant qui deviendra une véritable quête mystique. Jérémie Gindre parvient à invoquer les espaces qu’il décrit, leur faune, leur flore, leurs spécificités, sans jamais sortir de son rôle d’observateur discret. En plaçant les différents éléments sur un même plan, son roman s’apparenterait presque à une fresque naturaliste. Editions Zoe