Excellence, cheval, Italie, les trois mots-clé de ce roman ado où règne une ambiance poisseuse, alourdie par les non-dits et l’abus.
La preuve par trois
Il y a les gens qui mènent une double vie, qui doivent apprendre à jongler entre leur vie officielle, femme, enfants, copine, (décliner au genre qui vous convient) et leur vie officieuse, faite de vice et de duperie, ou de tranquillité et d’absence de chouineries domestiques. Parfois, c’est déjà compliqué de conserver une certaine étanchéité entre les deux, et encore, la partie officieuse est souvent au courant de la partie officielle, n’est-ce pas ? (ne faites pas les innocents).
Dans le cas de John Wonder, la configuration est légèrement plus compliquée et complexe. Il faut dire que ce monsieur réglé comme du papier à musique et un peu obsessionnel sur les bords, on le serait à moins quand on est chargé de valider les records pour le Guinness Book, cumule. Il ne s’agit pas d’une double vie, mais d’une triple vie. Et n’allez pas croire qu’il a une famille officielle et deux maitresses. Non. Il a trois familles. trois femmes avec trois fois deux enfants, un petit Adam et une petite Eve dans chaque maison. Qui n’ont aucune connaissance de l’existence les uns des autres… Imaginez un peu : trois maisons, trois adresses, trois écoles… Tout à retenir, gérer, cloisonner en TROIS. Une semaine avec chaque famille, expliquant ses absences par son métier très prenant.
Et pourtant, tout se passe à merveilles, jusqu’à ce que, jusqu’à ce que notre cher Wonder tombe amoureux de La Plus Belle Femme du Monde… Là, son monde se fissure, l’étanchéité n’est plus garantie et les variables se modifient.
C’est un bien étrange roman que publient là les excellentes éditions Asphalte. Habitués nous étions à des romans plus polar, plus sombres, plus emprunts de cigarette et de noirceur. Ici, l’univers et le style sont tout autres. C’est l’histoire d’une vie qui est racontée avec tendresse et une pointe d’humour un peu cynique, l’histoire de plusieurs existences enchâssées qui avancent de façon parallèle selon la seule volonté de leur élément commun. L’histoire d’un mensonge d’envergure existentielle, aussi. Sous un côté un peu loufoque se cache une certaine mélancolie, une profonde remise en question des mécanismes de la vie, de ce qui la régit et la dirige… Wonder Lover est un roman complexe et prenant. Terriblement attachant!
Wonder Lover, traduit de l'anglais (Australie) par Patricia Barbe-Girault
Malcolm Knox