Excellence, cheval, Italie, les trois mots-clé de ce roman ado où règne une ambiance poisseuse, alourdie par les non-dits et l’abus.
Nous poursuivons notre tour des chouettes libraires en tous genres avec David Goulois, libraire chez Cultura à Chambray-les-Tours.
Comment êtes-vous devenu libraire ?
Un peu par hasard ou par pragmatisme, en fait. Après mes études de Lettres à la Fac, j’ai dû faire un choix quand je me suis rendu compte que je ne serai jamais enseignant parce que je me sentais incapable de tenir une classe et qu’il me fallait trouver un métier pour manger. Quand j’étais étudiant je continuais à me tenir informé de l’actualité littéraire peu suivie à l’université. Le métier de libraire est devenu une évidence parce qu’il conjugue ma passion pour les livres et que j’ai toujours aimé transmettre mes lectures.
Quel est votre secteur de prédilection ? Pourquoi ?
Aujourd’hui, je m’occupe de la littérature française, étrangère et du policier S.F. On ne peut pas tout lire et donc je dois faire des choix en fonction de mes affinités. Je lis donc essentiellement de la littérature et des polars qui m’inspirent le plus. En revanche je n’ai aucune compétence sur la SF mis à part mes lectures de jeunesse… J’aime beaucoup la littérature étrangère surtout anglo saxonne, lusophone et hispanophone. Comme beaucoup de lecteurs, j’ai des auteurs fétiches : Pierre Michon, Pierre Bergounioux, Fernando Pessoa notamment mais j’aime beaucoup lire les premiers romans et découvrir de nouveaux talents, et quand ils sont bons j’essaye de les défendre au maximum.
j’adore mon métier qui me prend beaucoup de temps mais je le fais avec envie
Quelles sont les particularités d’un libraire chez Cultura ? Vous ne vous faites pas trop taper dessus par les confrères « indés » ?
Quand j’ai commencé à chercher du travail, je me suis orienté vers les libraires « indés » de ma ville, je n’avais aucune réponse, pas le moindre entretien. J’ai trouvé un poste au Carrefour au rayon livre. J’ai appris une partie du réseau de distribution du livre, je m’occupais de tous les rayons, je me suis une fait une connaissance sur chaque périmètre. J’avais vite fait le tour et j’ai commencé à m’ennuyer. Cultura m’a ouvert ses portes et on m’a donné carte blanche pour faire ce que je voulais, du moment que je faisais le chiffre, peu leur importait avec quoi. Au début je n’osais pas dire que je travaillais pour cette enseigne, synonyme pour certains de grande surface du livre sans âme. Je m’excusais presque face à des libraires ou des personnes qui avaient à l’esprit l’image d’un groupe qui obtient des remises avantageuses parce qu’il achète en grosse quantité, fossoyeurs des petites structures… Des critiques peut être à juste titre que je veux bien entendre (Cultura a des défauts), mais souvent bien éloignées de la réalité, des préjugés sans vraiment nous connaître.
Mon crédo a très vite été de mettre en avant les petits éditeurs indépendants
Et puis au bout de deux ou trois ans j’ai pris confiance en moi et je me suis dit que nous faisions le même travail, nous sommes complémentaire car en nous positionnant en périphérie des villes, nous touchons un autre public, notre ennemi commun c’est Amazon. Je me suis de plus en plus investi en devant « correspondant produit », en écrivant des articles sur le blog du boulot, je me suis fait des connaissances sur les réseaux sociaux, je me suis nourri des conseils et des avis de confrères plus confirmés que moi et bienveillants.
Mon crédo a très vite été de mettre en avant les petits éditeurs indépendants. Le premier éditeur à me faire confiance fut La Différence. On partait de très loin au début et puis de quelques ventes nous avons fait des scores honorables. Il y avait beaucoup à faire car certains éditeurs ne voulaient plus entendre parler de nous à cause de retour qui coutaient très cher, « la centralisation » a été préjudiciable à l’image de l’enseigne, on achetait n’importe quoi et n’importe comment. Avec d’autres représentants nous avons travaillé avec parcimonie quelques titres avec des réassorts mesurés.
Notre clientèle est plutôt familiale et populaire
Une confiance s’est aussi installée avec des clients qui suivent mes conseils et lisent mes petites notes que je glisse entre les pages des livres, certains me reconnaissent quand je passe à la télévision sur une chaîne locale. Il m’arrive de penser à des lecteurs potentiels quand je lis des livres, avec certaines personnes j’ai des rapports privilégiés.
Les clients d’un Cultura, sont-ils très différents des clients d’une librairie ? Quel est leur profil ? Quels sont vos plus grosses ventes et demandes ?
Notre clientèle est plutôt familiale et populaire. Nous touchons un public large dans les catégories socio-professionnelles. La grande majorité de notre clientèle achète des livres suite à l’actualité dans les médias généralistes, se servant dans les devantures dédiées aux meilleures ventes, ou ils viennent chercher des livres dont ils ont besoin prescriptions scolaires, guides pratiques, etc. Notre public est assez curieux et désireux d’avoir des conseils de notre part. Même si nous sommes généralistes nous sommes tous spécialisés dans notre domaine, les lecteurs aiment flâner et s’arrêter sur nos suggestions et nos coups de cœur du moment.
En revanche il est souvent très timide lorsque nous organisons des rencontres, il n’ose pas forcément aborder un auteur, la journée peut être longue pour ce dernier. J’avais fait venir Serge Joncour et j’étais vraiment déçu qu’une petite poignée de personnes soit venue…C’est pour cette raison que les libraires « indés » ont toute leur importance dans l’animation culturelle et dans la continuité de tisser du lien social dans les villes, car là où chez nous à 19h il n’y a plus personne dans nos zones commerciales, en ville c’est autre chose, le public a une appétence pour les rencontre.
Quels sont vos coups de coeur perso du moment ?
Indubitablement il y a un livre qui marquera à jamais mon esprit de lecteur et de libraire, c’est Confiteor de Jaume Cabre chez Actes Sud. Le livre est constamment sur mes tables de coups de cœur et je le conseille encore à noël. Récemment il y a le livre d’Olivier Bourdeaut, En attendant Bojangles chez Finitude qui est vraiment une pépite très éloignée de ce que peut produire la littérature française souvent sérieuse et nombriliste.
Quel autre métier auriez-vous pu faire ?
Pour le moment je ne vois pas ce que je pourrai bien faire d’autre. Je me sens vraiment très bien dans ce que je fais actuellement, j’adore mon métier qui me prend beaucoup de temps mais je le fais avec envie. Si je devais changer je m’orienterais peut être vers un métier de l’édition pour rester en lien avec le livre.
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