Excellence, cheval, Italie, les trois mots-clé de ce roman ado où règne une ambiance poisseuse, alourdie par les non-dits et l’abus.
Des libraires, toujours. Une libraire, cette semaine, pour vous parler de son métier, de son trajet, et de ce prix littéraire qui a attiré notre attention il y a quelques semaines : le Prix Libr'à Nous. Valérie Caffier ne porte pas de t-shirt étrange mais partage la même passion que ses confrères et le même goût pour des lectures éclectiques et passionnantes. Rencontre.
Comment êtes-vous devenue libraire ?
C’est une envie qui me tenait depuis que j’étais gamine. La vie m’a amenée après le bac et une licence d’anglais, à être instit pendant 20 ans, mais j’ai toujours eu le sentiment que c’était une imposture, que je ne devais pas être là, même si j’ai toujours fait cela du mieux possible et que je ne regrette rien. J’ai toujours été une grosse lectrice. J’ai, au fil de ces années, passé de plus en plus de temps dans la librairie près de chez moi, la librairie Millepages à Vincennes, qui représentait (et représente toujours) pour moi ce à quoi doit ressembler une bonne librairie. J’y suis restée de nombreuses heures à choisir des livres et à m’en faire conseiller mais aussi à observer le travail des libraires, l’agencement de la librairie, le classement des livres, leurs choix en matière d’assortiment…cachée derrière un livre. J’y ai assisté à de nombreuses rencontres.
Et un jour, je me suis dit qu’il fallait que je me lance. J’ai demandé conseil à Pascal Thuot, le directeur de la librairie, j’ai obtenu un congé de formation pendant lequel j’ai passé un DUT métiers du livre à Saint Cloud en année spéciale, fait des stages à Millepages et ai été embauchée dans la foulée au Virgin des Champs Elysées, où je me suis occupée du rayon poches, puis du polar, ensuite de la littérature française et enfin de la littérature étrangère. J’y suis restée 4 ans, quasiment jusqu’à la fermeture.
Je suis arrivée au Divan en octobre 2012 où je suis en charge de la littérature française, et lit aussi des polars de la littérature étrangère.
j’ai exercé mon métier de la même manière chez Virgin et au Divan
Avez-vous un secteur de prédilection ?
C’est clairement la littérature, toutes les littératures : blanche et noire, française et étrangère. C’est ce que j’aime lire et c’est là que je me sens le plus compétente.
Vous êtes passée par plusieurs structures, le métier de libraire est-il différent d’une enseigne à une autre ? D’un type de librairie à un autre ?
Foncièrement non. Pour moi il n’y a pas de différences et j’ai exercé mon métier de la même manière chez Virgin et au Divan. Seules quelques tâches quotidiennes sont différentes. Chaque librairie à sa clientèle, très différente de l’une à l’autre, quelle que soit la structure.
La seule vraie différence est que j’ai maintenant au Divan beaucoup plus de clients qui reviennent parler des livres qu’ils ont achetés et en redemandent. Leurs retours et ces échanges qui se construisent au fil de leurs lectures constituent le cœur de notre métier. Tout le reste n’est que la mise en place de ces moments-là.
Quels sont vos coups de cœur du moment ?
- L’ombre de nos nuits de Gaëlle Josse (Notabilia - Noir sur Blanc)
- Défaite des maîtres et possesseurs de Vincent Message (Seuil)
- Plateau de Frank Bouysse (Manufacture de livres/Ecorce)
- Rural Noir de Benoit Minville (Série Noire - Gallimard)
- Le pique-nique des orphelins de Louise Erdrich traduit par Isabelle Reinharez (Albin Michel)
- La femme qui avait perdu son âme de Bob Shacochis traduit par François Happe (Gallmeister)
- Et le futur n° 1000 de la collection Rivages/Noir à paraître en mars 2016 que je viens de dévorer : Gravesend de william Boyle traduit par Simon Baril.
les lecteurs font souvent confiance à leurs libraires.
Vous êtes présidente du Prix Libr’à Nous, en quoi consiste-t-il ?
C’est un Prix que nous avons créé l’année dernière avec une amie, Audrey Andriot, qui travaille à la librairie Jonas (Paris 13e).
Il consiste à rassembler des libraires francophones (cette année de France, de Suisse, de Belgique, du Québec, du Maroc et de Nouvelle Calédonie) et à récompenser nos coups de cœur de l’année.
Vous retrouverez le palmarès ainsi que des photos de la remise des Prix qui a eu lieu le 10 février dernier au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris sur notre page publique Facebook
Comment choisissez-vous les participants puis élisez les lauréats ?
Tous les libraires francophones en poste au moins 4 mois au cours de l’année (afin d’avoir un minimum de visibilité de la production) peuvent participer. Pour ceux qui ne le sont pas encore, il suffit de nous envoyer un mail à partir de mai 2016 à cette adresse : prix.libranous@gmail.com
Les Prix ont un impact sur les ventes en France, c’est indéniable
Tous les libraires proposent leurs coups de cœur lors du 1er tour, il n’y a aucune présélection. Nous gardons pour le 2e tour les 10 livres qui ont remporté le plus de suffrages puis 3 livres pour le dernier tour. Le vainqueur est celui qui a obtenu le plus de voix à l’issue de ce 3e tour. Cela se fait à la majorité des voix, chaque libraire compte pour une voix. Tout cela dans un groupe fermé sur Facebook.
Avez-vous mesuré un impact de ce type de prix auprès des lecteurs ?
Les Prix ont un impact sur les ventes en France, c’est indéniable.
Il est encore difficile d’en juger réellement pour le prix Libr’à Nous. Cependant l’éditrice de l’Atalante nous a fait part de la hausse des ventes de son titre, lauréat de la catégorie Imaginaire (Fu.ture de Dmitry Glukhovskytraduit par Hélène Boyer), depuis l’annonce des résultats.
L’avenir nous le dira, mais je crois que ce Prix aura un impact, car les lecteurs font souvent confiance à leurs libraires.
Librairie Le Divan
203, rue de la Convention 75015 Paris
Tél : 01 53 68 90 68