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[RENTRÉE LITTÉRAIRE 2016] Larry Fondation : Effets Indésirables

Posted on by BooKalicious

LA CHRONIQUE

effets-indesirables-couvAttention : chef d’oeuvre ! Personne n’ignore le goût prononcé de la rédaction de BooKalicious pour la littérature américaine, et à fortiori la littérature américaine hors des sentiers battus, celle qui s’intéresse aux marginaux, aux losers, aux paumés, aux petites gens qui n’ont pas eu trop de chance à la naissance. Autant dire qu’avec ce livres de textes courts, mini nouvelles, saynètes et instantanés en patchwork, nous avons été servis. Ancien journaliste, Larry Fondation est désormais médiateur dans les quartiers chauds de Los Angeles. Avec un minimalisme et un sens de la précision qui rappellent Carver, il saisit sur le vif des situations parfois loufoques, drôles, grinçantes, ultra violentes, touchantes. Ou un peu tout à la fois…  Ses personnages vont des gens normaux un peu brutalisés par la vie à des truands sans limites, en passant par des losers magnifiquement décrits dans leur quotidien pourri et brutal. Ici, le rêve américain serait plutôt un cauchemar, entre survie, horizon bouché, violence, drogues, règlements de comptes et misère affective. Larry Fondation observe et décrit. Nulle commisération ni empathie dans sa prose, ni mépris ni jugement. En restant neutre, il livre une sorte de concentré baroque trash de ce qui se passe dans la vraie vie des vrais gens, quelque part dans une ville riche, symbole d’une Amérique qui vend du rêve. Avec ce livre à l’écriture ciselée et éclatée à la fois, marquée par le rap, le sens de l’anecdote journalistique et les romans collages, Larry Fondation donne le pouls d’une ville. A travers ses habitants les moins favorisés, il écrit la biographie de Los Angeles, ni plus ni moins. Et c’est sublime. Effets Indésirables – Larry Fondation. Traduction de Romain Guillou.Editions Tusitala

 

L’INTERVIEW

photo

Est-ce que, par votre travail, vous rencontrez des gens comme ceux sur lesquels vous écrivez ? 

Oui et non. Je travaille comme organisateur, et dans mon travail, je dois être positif et optimiste. J’enseigne principalement à des gens plutôt pauvres et à des gens issus de la classe ouvrière comment se réunir et se défendre. Mon message auprès d’eux est un message d’espoir.

Mais je vois aussi des gens qui sont tombés dans le crack. Mon bureau en centre-ville est assez proche de Skid Row, là où vivent les SDF. Il y a tellement de lumière et tellement de noirceur à la fois…

Qu’est-ce qui vous donne envie d’écrire sur eux ? Comment rassemblez-vous les détails de vos histoires ? 

J’essaie d’écrire en tant que témoin, pour que ces gens ne deviennent pas invisibles. Pour qu’on n’oublie pas les pauvres, les désespérés, les sans-abris. Je pense que tout le monde sont créés égaux et restent égaux. Personne n’est meilleur que n’importe qui d’autre. J’ai passé beaucoup de temps dans des lieux où la plupart des gens ne vont pas. Quand j’ai écrit « Dans la dèche à Los Angeles », j’ai passé du temps à Skid Row, dans les bars, dans la rue.

J’ai également grandi dans une banlieue difficile sur la côte Est des USA. Mes amis ont tous abandonné le lycée. Certains sont allés en prison. D’autre sont mort de drogues ou de morts violentes. Le reste vit de boulots manuels ou travaille dans le secteur tertiaire. J’ai vu beaucoup de « l’avant » à la vie dans la rue, en fait.

Quelles sont vos sources d’inspirations ? Vos écrivains fétiche ? 

Je suis inspiré par les gens avec lesquels je travaille et qui se battent pour une vie meilleure. Je suis inspiré par ceux qui se battent pour plus d’égalité et de justice sociale.

Parmi les écrivains il y en a beaucoup : Beckett, Borges, Max Frisch, Hubert Selby, Jr., John Fante, Nelson Algren, Richard Wright, J.P. Manchette et plus encore. Et parmi les écrivains vivants, il y a : Eric Miles Williamson, Irvine Welsh, Barry Graham, Mary Robison… Et en France, Mathias Enard, Jean Echenoz, Gwenaelle Aubry

 

L’EXTRAIT

SE MARIER

J’étais assis tout seul au bar. Je ne connaissais personne. Le type à côté de moi était plutôt balèze. Il avait l’air bien bourré. Il avait deux bouteilles de Heineken devant lui. Le barman a ra- massé celle qui lui semblait vide. J’imagine qu’elle ne l’était pas, ou alors le type cherchait les problèmes. Quoi qu’il en soit, il m’a accusé.

– T’as bu ma bière.
– Non.
– Viens dehors, on va régler ça entre hommes.
– Pas ce soir.
– Quoi ?
– Demain. Ce soir, j’ai la grippe.
– Arrête tes conneries.
J’ai sorti mon .45 et je lui ai collé sur la tête.
– J’ai dit demain.
– D’accord, il a dit.
Je me suis pointé le lendemain soir après avoir passé 24 heures à tousser et à bouffer des médocs. Le type m’a mis une branlée. Je ne sais pas si c’était volontaire ou non mais j’avais laissé mon flingue chez moi.

***

Deux jours plus tard je suis retourné là-bas mais il n’y était pas. C’est à ce moment-là que ça a vraiment commencé. Le bor- del. Un beau bordel. Voilà dans quoi je m’étais fourré. À me plan- quer dans le bar. Non, pas vraiment à me planquer. J’avais pris les gens en otages. Voilà, comme ça, c’est dit. C’est ça la vérité. Il y avait quinze personnes dans le bar et je les menaçais avec mon flingue. Je ne savais pas ce que je faisais, ni pourquoi.

Les flics m’ont appelé.
Le barman m’a tendu le téléphone.
Le policier m’a demandé :
– Quelles sont vos exigences ?
– Hein ?
– Qu’est-ce que vous voulez ?
Le flic avait commencé sur un ton calme, mais il semblait déjà perdre patience. Il pensait que je jouais au con, mais j’avais vrai- ment pas compris ce qu’il voulait dire au début.

– J’ai besoin d’un verre, j’ai dit au téléphone, sans m’adresser à personne en particulier.

Le flic m’a dit de passer le téléphone au barman, ce que j’ai fait.

– Qu’est-ce que vous voulez ? m’a demandé le barman. Je suis le patron. Vous pouvez commander ce que vous voulez… c’est la maison qui régale.

J’ai entendu le flic gueuler « Magnez-vous » dans le combiné que le barman tenait toujours à l’oreille. Le patron a récité la liste des bières sans sourciller.

– Heineken, Corona, Amstel Light, Coors, Budweiser.
– Une Corona.
– Vous voulez du citron vert avec ?
On pouvait entendre le flic hurler dans le combiné qui se trouvait à présent sur le bar alors que le barman décapsulait ma bière et pressait du citron vert dedans. J’ai pris le téléphone sur le bar et j’ai dit au flic de baisser d’un ton ; il commençait à rendre les gens nerveux. Je lui ai dit de s’abstenir de me faire le coup du « Sortez les mains en l’air » et, comme le patron me l’avait gentiment fait remarquer, je lui ai dit que je gérais cette prise d’otages d’une main de maître. Puis j’ai raccroché. Après tout, on passait un bon moment. J’avais à peu près cent dollars en poche et le bar était plutôt miteux, alors je me suis dit que le patron ne devait pas être riche, j’ai donc proposé de payer une tournée générale. Bien sûr, il n’y avait qu’une quinzaine de personnes sur place. Il était aux alentours de quatorze heures.

Ensuite, on a allumé la télé pour se voir. J’ai repensé à la question du flic : « Qu’est-ce que vous voulez ? »

Je crois avoir mentionné plus tôt, mais peut-être que non, que je trouvais une des clientes du bar plutôt mignonne. Elle s’appelait Mariana et j’aimais la façon dont elle se tenait sur son tabouret de- vant le bar, très décontractée, même quand j’avais sorti le flingue, que j’avais à présent remis au barman, lequel avait déchargé l’arme puis l’avait reposée sur le bar où elle gisait, inoffensive.

Bien sûr, les flics ne savaient rien de tout ça. Le négociateur n’arrêtait pas d’appeler ; on l’ignorait ou on décrochait le téléphone et on lui raccrochait au nez, sans rien dire.

– Qu’il aille se faire foutre, j’ai dit.
– Ouais, qu’il aille se faire foutre, a dit Mariana.
Quand le policier a rappelé, le patron l’a mis sur haut-parleur.

« Va te faire foutre, va te faire foutre, va te faire foutre ! » on a crié en chœur. J’ai payé une autre tournée.

Mariana travaillait quatorze heures par jour. À préparer des muf- fins anglais. Cent mille muffins par jour. Elle détestait ça, évidemment. Le flic a arrêté d’appeler et s’est mis à se servir d’un mégaphone. Mariana a mis quatre pièces de vingt-cinq cents dans le juke-box et le patron a monté le volume pour couvrir le mégaphone. Ça a marché.
– Avant, j’élevais des pitbulls avec mon frère, a dit Mariana.

Les affaires marchaient plutôt bien.
– Qu’est-ce qui s’est passé ?
– Un de nos chiens a tué un type, un de nos employés. J’adorais écouter ses histoires. Elle aimait que je l’écoute. Elle a raconté d’autres histoires et moi, j’écoutais la plupart du temps, mais je me sentais tellement bien à ses côtés que j’ai commencé à me confier, un truc que je fais rarement.

– J’ai vachement peur d’être mal compris, je me suis surpris à dire. Par exemple, la bagnole d’un type tombe en rade. Il est avec son fils qui doit avoir aux alentours de dix ans. Ils s’escriment mais ils arrivent pas à faire bouger la caisse. Je leur fais un signe du genre, « Je peux vous pousser avec ma bagnole ». Ils pensent que j’essaye de les presser, que je leur fais signe de se magner, que je suis impa- tient. Le type, le père, lève le doigt pour dire « Une minute », mais je veux pas du tout les bousculer, tu vois ce que je veux dire ? J’essayais d’être sympa. Mais ils ont pas compris. Ça t’est déjà arrivé ?

– Quand est-ce que tu respires ? m’a demandé Mariana. – Qu’est-ce que tu veux dire ?
– Tu parles vite.
– Je suis tendu.

– À cause des flics ?

– Non. À cause de toi.

– À cause de moi ?
– J’ai envie de te plaire…
Elle m’a caressé la joue. Le contact de ses ongles m’a donné des frissons et je tremblais de plaisir. Elle a retiré sa main.
– Non, s’il te plaît, j’ai dit.
J’ai remis sa main, ses ongles, contre mon cou. Pendant ce temps, le patron avait payé deux tournées histoire d’égaliser avec les miennes, alors on commençait à être bien pétés. Dehors, d’autres flics sont arrivés. L’accumulation de gyrophares bleus commençait à nous déranger. Randy – le barman s’appelait Randy ; en fait, le bar s’appelait « Randy’s Saloon » – bref, Randy nous a préparé des doubles shots, à Mariana et moi.

– On dirait que ça colle bien entre vous, il a dit en nous faisant passer nos boissons.

Tout à coup, on a entendu du bruit sur le toit. Ce n’était pas le père Noël, mais encore d’autres flics. Randy a débranché le juke- box. On a répondu au téléphone cette fois-ci. Ça commençait à devenir grave. C’était un autre flic, mais il a posé la même ques- tion : « Quelles sont vos exigences ? »

Il fallait que j’aille aux toilettes.
– Randy, demande-lui son numéro, s’il te plaît.
– À qui ?
– Au flic… je le rappellerai. Faut que je pisse.
Randy a dit au flic :
– Il est sorti une minute, là. Il peut vous rappeler ?
– Comment ça, il est sorti ? a hurlé le flic puis il a raccroché. On entendait encore plus de bruits de pas et de mégaphones.

Quand je suis revenu des toilettes, j’ai pris une grande inspiration. J’ai regardé Mariana droit dans les yeux – du moins, aussi droit que j’ai pu – j’étais très nerveux.

– Je veux me marier.
– Quoi ? a demandé Mariana.
– Tu veux m’épouser ?
– Oui, elle a répondu si doucement que j’ai à peine pu l’entendre. Randy et les clients qui étaient assis à côté de nous ont ap-

plaudi et ont poussé des cris de joie. J’ai regardé Randy. Je m’étais à moitié attendu à ce qu’il laisse les flics entrer pendant que j’étais aux toilettes. Il a surpris mon regard inquiet.

– Je t’aurais jamais fait ça. Tu vas te marier.
– Qu’est-ce qu’elle a répondu ? a crié un vieux à l’autre bout du bar. – Elle a dit « oui ». Ils vont se marier.
Une deuxième salve d’applaudissements a éclaté – c’était tous ceux qui ne m’avaient pas entendu faire ma demande. Les flics dehors et sur le toit commençaient à être sur les nerfs. Le juke-box était à nouveau à fond et on les entendait quand même s’agiter par-dessus la musique.
– Il faut régler cette histoire, a dit Randy, tout à coup sérieux. Je l’ai regardé d’un air ahuri alors que je comprenais très bien. – Tu pourrais en prendre pour vingt ans, il a dit.
– J’ai une idée, a crié le vieux, toujours immobile au bord du comptoir.
Il nous a rejoints très lentement. Ça lui a pris un temps fou de parcourir les trois mètres qui nous séparaient, mais on était tout ouïe. – C’est comme dans l’émission du matin, il a dit. À la radio. Mariana se rongeait les ongles. Elle avait des ongles magnifiques, longs et élégants, alors je lui ai retiré la main de la bouche, tout en imaginant l’anneau que je lui passerais au doigt.

– Qu’est-ce que vous racontez ? elle a demandé au vieux.

– On va dire que c’était un canular, il a expliqué. Un coup monté pour qu’il la demande en mariage. Comme il est trop timide et tout, il avait besoin d’un petit coup de pouce.

– Il va quand même en prendre pour cinq ans, a fait remarquer un autre type. À faire le con avec le système d’intervention d’urgence et tout.

– Il sera sorti au bout d’un an pour bonne conduite, a repris Randy.

Je me sentais impuissant à les écouter parler de mon sort. J’avais agi sur un coup de tête.

– Je vais l’épouser tout de suite et je l’attendrai jusqu’à ce qu’il sorte, a déclaré Mariana.

Je l’ai embrassée. Je l’aimais.
– On va bien faire les choses, j’ai affirmé.
Randy était surexcité.
– On va marchander avec eux au téléphone, il a dit. Ils peuvent nous passer le procureur. On va négocier ta peine.
Il s’est avéré qu’il avait raison. Les flics étaient contents que ça se termine.
On était tous unis, on a bien pu négocier.
Randy était super dans le rôle du dur à cuire ; Mariana jouait à la perfection l’épouse accablée.
Je m’en suis bien sorti. Six mois fermes, plus deux ans de conditionnelle.
À ma libération, Mariana et moi nous sommes mariés dans le bar de Randy. Ça a été grandiose.

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Le département des théories fumeuses. Tom Gauld. Le département des théories fumeuses. Tom Gauld. Traduction d’Eric Fontaine. Editions 2024
@editions2024  @tomgauld 
** 
Vous connaissiez les strips à la fois moqueurs et tendres du dessinateur américain star Tom Gauld sur les affres de la création littéraire ? Il n’y épargne aucun domaine de la littérature, des grands thèmes classiques aux habitudes des amoureux du livre, sans oublier les dilemmes et maniaqueries d’écrivains, en herbe ou confirmés. 
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Avec ce nouveau livre, toujours aussi bien adapté et imprimé par les éditions 2024, Tom Gauld s’attaque avec le même esprit à l’univers de la science et de la science-fiction. Taquin, absurde, spirituel, tendre, l’illustrateur écossais, qui sévit, entre autres magazines et journaux prestigieux, au New-Yorker, au Guardian, au New-York Times, il croque en quelques cases les traits propres aux scientifiques et à leurs recherches. 
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Il excelle tout autant dans l’humour scientifique que littéraire et parvient même, prouesse, à intéresser quelques littéraires (oui, j’aime parler de moi au pluriel) au vaste domaine des sciences. Bravo Tom Gauld ! #comicstrip #tomgauld #illustration #lire #livre #lecture #lecturedumoment #lectureaddict #livreaddict #editionindependante #instalivre #livrestagram #bookstagram #bookstagramfrance #booklover #bookalicious #critiquelitteraire #bookworm #bookaddict #lirecestbon
Tous nos corps. Guéorgui Gospodinov. Traduction d Tous nos corps. Guéorgui Gospodinov. Traduction de Marie Vrinat. Editions Intervalles @intervalles 
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La micro-fiction est un art à part entière. Ni poésie ni nouvelle ni aphorisme, elle ne peut s’appuyer sur aucun artifice de style, ne peut se permettre la moindre faiblesse de structure. Quelques lignes, c’est exigeant, bien plus que encore que quelques pages. 
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Poète, romancier et dramaturge, le bulgare Guéorgui Gospodinov livre ici un texte tout en délicatesse. Les scènes instantanées qu’il croque en quelques lignes, parfois simplement en quelques mots, sont tour à tour tendres, drôles, moqueuses, décalées, absurdes, ou un peu tout ça à la fois. Ces « histoires ultra courtes » comme l’annonce l’auteur, sont jalonnées d’illustrations façon collages abstraits qui contribuent à cette ambiance feutrée. 
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Avec un remarquable sens de la chute et de l’angle, Guéorgui Gospodinov signe un texte doux et ciselé, positif et espiègle. Un régal qui chatouille l’esprit. #livre #lire #lecture #litterature #litteratureeuropeenne #traduction #livrestagram #instalivre #instalecture #bookalicious #booklover #varionsleseditions #editionindependante #bookstagram #critiquelitteraire #lecturedumoment #passionlecture
Le passage. Elliot Ackerman. Traduction de Janique Le passage. Elliot Ackerman. Traduction de Janique Jouin-de Laurens. Editions Gallmeister
@editions_gallmeister 
Il y a beaucoup de manières différentes de parler de la guerre, quelle qu’elle soit. La littérature américaine l’illustre depuis des décennies, avec des romans forts qui montrent tous une facette différente de la guerre, actuelle ou passée. 
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Finaliste du National Book Award, ce roman tout en nuances joue sur l’ambivalence, l’opposition entre deux mondes : l’Orient et l’Occident. Haris Abadi, ancien interprète pour l’armée américaine en Irak immigré aux Etats-Unis, décide un jour de partir en Syrie combattre le régime de Bachar El-Assad aux côtés des rebelles. Sitôt arrivé à la frontière, en Turquie, il se fait dépouiller par son passeur. Sans argent, sans papiers, ni d’ici ni d’ailleurs, Haris rencontre un couple de Syriens réfugiés, pulvérisés par la guerre. À travers leurs amitié, nouveau point d’ancrage dans la vie chaotique de l’ancien interprète, les motivations se fissurent pour laisser émerger la réalité intime dans toute sa tragédie. 
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Au fond, quel est le but d’Haris ? Sa quête ? Le sens de sa vie ? Vétéran des forces spéciales, Elliot Ackerman a passé 10 ans en Afghanistan et en Irak. Son écriture s’en ressent par sa précision, sa limpidité et ses nuances. La justesse avec laquelle il parle des situations et des conflits laisse penser à un documentaire caméra embarquée, la finesse et la force de son écriture prouvent qu’il a bien fait de déposer les armes pour prendre la plume. #livre #lecture #litteratureamericaine #lire #litterature #lectureaddict #lectureterminée #livreaddict #instalivre #livrestagram #instalecture #bookstagram #booklover #bookalicious #gallmeister #varionsleseditions #editionindependante #critiquelitteraire
Encabanée. Gabrielle Filteau-Chib // L’appariti Encabanée. Gabrielle Filteau-Chib // L’apparition du chevreuil. Elise Turcotte. Editions Le Mot & le Reste 
@lemotetlereste 
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Pour la première fois dans l’histoire de Bookalicious, une chronique en demi-teinte et double ! Pourquoi ? Parce que ces deux livres québécois, publiés aux excellentes éditions Le Mot et le Reste, qui s’aventure sur de belles terres en matière de littérature contemporaine, développent des thématiques proches : une femme, féministe et menacée par des haters, se réfugie à la campagne, loin du tumulte urbain et de sa violence. 
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L’une et l’autre autrice partent dans une retraite minimaliste dans une cabane isolée. Mêler féminisme et nature-writing, quelle bonne idée ! 
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Si « L’apparition du chevreuil » déploie un univers particulier, tout en nuances et en introspection, entre ode à la nature et fantastique (sans oublier une critique de fond des mécanismes de violence envers les femmes), « Encabanée » traîne des raquettes. La jeune femme qui part faire le point sur sa vie et se recentrer dans une cabane en plein hiver semble manquer de bon sens. Mal équipée, mal préparée, elle peine à supporter les conditions et plus encore, la solitude. Si de belles images se dégagent au début et posent un décor magnifique, les féministes risquent de hausser les sourcils à la lecture de cette aventurière du dimanche qui attend avec impatience qu’un homme vienne fendre son bois. 
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Rassurez-vous, mesdames : on peut s’encabaner sans l’aide d’un homme (il suffit juste de s’organiser un peu). On part quand ? #litterature #litteraturequebecoise #lire #livre #lectureaddict #lectureterminée #passionlecture #varionsleseditions #instalivre #livrestagram #bookstagramfrance #instalecture #naturewriting #chroniquelitteraire #livreaddict #editionindependante #booklover
Sois sage, bordel. Stina Stoor. Traduction sous la Sois sage, bordel. Stina Stoor. Traduction sous la direction d’Elena Balzamo. Editions Marie Barbier @marie_barbier_editions @stinastoor @ettuttiquanti 
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Ce recueil ne ressemble à rien de ce que vous auriez pu déjà lire, ni en matière de nouvelles, ni en matière de littérature scandinave. Rien, du tout. Stina Stoor possède un talent de conteuse hors du commun, un style à plusieurs niveaux de lecture et une écriture en mouvement, ondulations et étranges échappées. Organiques et sauvages, les textes de Stina Stoor parlent de mort, d’enfance, de nature, d’étrangeté, de liberté, d’amour, de féminité, de désir… des thématiques familières qui prennent sous sa plume une dimension parfois onirique. 
••
Aujourd’hui primée par de prestigieuses récompenses littéraires suédoises, Stina Stoor a grandi dans un petit village paumé à la frontière de la Laponie Suédoise, un village où elle était l’une des seules enfants, où tout le monde se connaît et où vivent sans doute plus de non-dits que d’individus. Pourtant, c’est le monde entier, l’humanité entière qui se reflète dans les facettes de ces bijoux littéraires à la frontière de l’adolescence, quand l’enfance s’efface lentement pour laisser place aux premières étincelles de lucidité adulte. 
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Initiatiques, fantastiques, réalistes, flirtant avec le nature writing, les nouvelles de Stina Stoor oscillent entre les genres et happent leurs lecteurs dans une dimension parallèle magique. #livre #lire #lecture #lecturedumoment #lecturefeministe #litteraturescandinave #litteraturesuedoise #nouvelles #shortstory #instalivre #livrestagram #booklover #bookaddict #bookalicious #critiquelitteraire #bookworm  #livreaddict #instalecture #lecturetime #lectureaddict #stinastoor
La comédie urbaine. Sébastien Doubinsky. Edition La comédie urbaine. Sébastien Doubinsky. Editions publie.net
@thebigdoubinsky / @publienet 
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Sébastien Doubinsky a un don : rendre attachants et familiers de parfaits inconnus, des idéalistes paumés, des petites frappes romantiques, des marginaux familiers, des artistes exaltés mais pas doués, bref, Doubinsky est un peintre autant qu’un poète. Plus encore que des situations ou des scènes, ils peint des émotions, des ressentis, des traits de personnalités. Plus encore que ses personnages, c’est nous qu’il fait évoluer dans cette fresque en trois temps reliés entre eux par quelques détails. Le poète, le barman et le philosophe, pourrait-on résumer, trois vingtenaires qui ont en commun la vie, l’amour, l’ivresse, l’exaltation, la fougue, c’est un peu nous, quel que soit notre âge, notre genre, notre métier, notre vie. 
••
Quoi qu’il fasse, Doubinsky, qui a lui-même un nom qu’il pourrait  attribuer à l’un de ses héros, parvient toujours à toucher son lecteur, à lui rappeler des choses qu’il a vécues, des traits de son propre caractère. Cette « Comédie Urbaine », qui porte bien son nom puisque l’humour est l’un de ses moteurs, est l’un des meilleurs livres de cet écrivain contemporain rock’n’roll et disjoncté. #livre #livrestagram #livreaddict #lecture #litterature #lecturedumoment #lectureaddict #passionlecture #instalivre #booklover #bookalicious #publienet #litteraturefrancaise #editionindependante #critiquelitteraire
Sang et stupre au lycée. Kathy Acker. Traduction Sang et stupre au lycée. Kathy Acker. Traduction de Claro. Editions Laurence Viallet. @editionslaurenceviallet 
••
Ce n’est pas un livre dans lequel on plonge, c’est une bête sauvage qui nous saute à la gueule. En même temps, si l’on pouvait lire un livre de Kathy Acker avec mollesse ou légèreté, sans en sortir le cerveau à l’envers, ce serait inquiétant. Figure phare de l’underground, punk, féministe et queer, Kathy Acker est une sœur d’univers de Burroughs. Comme lui, elle joue sur les genres, mélange cut-up, écriture automatique, pornographie, autobiographie, livrant des textes proches de la performance plutôt que du roman. Plus que lui encore, elle pulvérise les bienséances, la bien-pensance et roule sur la morale sans aucune peur. 
••
Sans limites, presque, puisque la violence, physique, psychologique et sexuelle est exposée sans aucune demi-mesure, montrée et caricaturée à l’extrême pour mieux dénoncer la manière dont la société capitaliste écrase et modèle les individus, Kathy Acker livre une prose unique, où politique et intime ne font qu’un. 
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Les très sélectives et qualitatives éditions Laurence Viallet publient là le premier succès de cette « terroriste littéraire », ou plutôt la première fresque déjantée, morcelée, et pourtant parfaitement cohérente, accompagnée de dessins de Kathy Acker. L’underground n’a jamais été aussi proche. 
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Vilaines filles. Pauline Verduzier. Editions Anne Vilaines filles. Pauline Verduzier. Editions Anne Carrière
@pverduzier | @editions.anne.carriere 
••
Il ya beaucoup de livres, films, BD, docus sur l’univers des travailleuses (et travailleurs) du sexe, parfois passionnants, parfois glaçants, parfois détestables de bonnes intentions. Journaliste spécialisée dans les questions de genre et de sexualité, Pauline Verduzier livre ici une non-fiction subtile sur l’univers de la prostitution. 
••
Entre enquête et reportage, elle évacue tout voyeurisme ou formatage pour aller à la rencontre des personnes, de leurs motivations, de leur histoire, de leur trajet. Sans misérabilisme ni tabous, elle donne la parole à des hommes et des femmes. Contrairement à ce que laisse penser la couverture, le livre ne traite pas que des clientes de travailleuses du sexe, même si ce pan y est abordé de manière très nuancée, il y est aussi question de clients et de travailleurs du sexe, bref, de société et pas de préférences. Avec intelligence et subtilité, Pauline Verduzier soulève des questions inhérentes à l’égalité entre les hommes et les femmes, au rapports de séduction, aux injonctions, aux étiquettes que le patriarcat colle sur l’expression de la sexualité. 
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À l’heure où les milieux militants ont tendance à se déchirer sur des questions de point de vue, ce genre de livre tombe à point nommé : il démystifie, rappelle qu’avant les idées, il y a des humains à défendre. À écouter. 
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Entretien avec Pauline Verduzier à retrouver sur Booka. Lien dans la bio ! 
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Nos corps étrangers. Carine Joaquim. @carinejoaqu Nos corps étrangers. Carine Joaquim. @carinejoaquim1 @la_manufacture_de_livres 
@trames_xyz 
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D’une situation de prime abord très commune, une famille au bord de l’implosion, Carine Joaquim  extrait un premier roman fort, tout en nuances et d’une justesse psychologique rare. Stéphane et Elisabeth quittent Paris avec Maëva, leur fille adolescente, pour prendre un nouveau départ, tenter de recoller ce qu’une infidélité a manqué de pulvériser. Stéphane pensait l’herbe plus verte ailleurs, il est revenu auprès de sa femme et de sa fille. Changer de décor implique-t-il nécessairement de retrouver un sens à sa vie ? Si Elisabeth se remet à peindre, sa passion première, Stéphane peste contre les transports en commun qui le mènent à son travail et a du mal à assumer son rôle de père auprès d’une adolescente en pleine rébellion et découverte des sentiments avec Richie un jeune migrant en attente de régularisation. Le dialogue se distend, Elisabeth entame une liaison autour de la peinture avec le père d’un des élèves du lycée de sa fille, élève atteint du syndrome de la Tourette et maltraité par ses camarades. 
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Dans ce contextes réaliste, cohérent et crédible, Corine Joaquim fait ressurgir les failles de chacun, mais surtout la manière dont le silence et les non-dits anodins finissent par former un tableau sombre, disloqué, où personne ne se parle vraiment, où tout le monde se fuit en souplesse, pensant l’illusion parfaite. Un schéma souvent rencontré dans la vie, hélas. En trame, sous le quotidien qui se déroule, Corine Joaquim décrit les espoirs fragiles, les passions naissantes, les incompréhensions, les lâchetés… la vie, d’une certaine manière. •• #livre #lire #lecture #litterature #litteraturefrancaise #bookstagram #booklover #bookalicious#lecturedumoment #lectureencours #lectureaddict #instalivre #livrestagram #bookaddict #passionlecture #librairie
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