[INTERVIEW ] Cédric Lesec : Quand le Musée des Confluences invite la littérature

"Récits d'objet", une collection de courts textes, écrits par des auteurs et autrices contemporain·e·s, qui plonge dans les pièces du musée des Confluences

[INTERVIEW ] Cédric Lesec : Quand le Musée des Confluences invite la littérature

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3/1/2022
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"Récits d'objet", une collection de courts textes, écrits par des auteurs et autrices contemporain·e·s, qui plonge dans les pièces du musée lyonnais. À travers douze récits, douze objets prennent une nouvelle dimension, à la croisée des genres littéraires et des univers artistiques. Directeur des relations extérieures et de la diffusion, Cédric Lesec a contribué à la création de la collection Récits d’objets coéditée par le musée des Confluences et Invenit de 2014 à 2018 et désormais avec les éditions Cambourakis. Pour Bookalicious, il dévoile les coulisses de la collection.

©Stofleth

Comment est née cette collection, comment avez-vous eu l’idée de faire se rencontrer les univers artistiques ? 

Cette collection conçue pour l’ouverture du musée des Confluences fin 2014 est née avec l’institution. Douze volumes édités aujourd’hui et toujours le même principe : inviter un écrivain à choisir un objet des collections du musée pour en faire la matière d’un court récit. Essai, autofiction, poésie, conte… peu importe la forme, du moment qu’elle incite le lecteur à regarder autrement nos collections. Et peut-être qui sait, à venir au musée découvrir cet objet. 

Récits d’objets, c’est une invitation à lire bien sûr, à s’ouvrir aux cultures du monde, aux beautés de la nature dont nous conservons, objets et spécimens, mais sans doute aussi à écrire, à savoir écouter ce qui nous touche ou attire notre attention – lors d’une visite au musée par exemple. L’année dernière a d’ailleurs été l’occasion d’un concours co-organisé avec la Bibliothèque municipale de Lyon, à laquelle nous avions prêté des objets, afin que les lecteurs puissent rédiger sur le modèle de la collection, une courte fiction. Plébiscitée par ses derniers, l’opération est ainsi renouvelée en 2022, ce qui ne manque pas de nous faire plaisir.

Comment choisissez-vous les auteur·trice·s ?

Il y a des auteurs dont on se dit instinctivement que l’univers, le style, le parcours littéraire est susceptible de rencontrer le projet de la collection mais plus généralement du musée. Et puis choisir c’est d’abord se choisir, se rencontrer. Une première visite a lieu du musée, des espaces d’expositions mais aussi de déambulation et même parfois de réserves. Le musée a cela d’extraordinaire, qu’il inspire immédiatement soit par la richesse de ses collections, par leur diversité également, soit encore par son architecture. En somme, il appelle déjà la fiction, le récit. 

Sculpture d'un ours blanc debout, Elijah Michael, 1998
Canada © Pierre-Olivier Deschamps / Agence VU'

Récemment dans son récit intitulé A la pointe, Pierric Bailly s’est d’ailleurs tout à fait affranchi de la seule règle que nous nous étions fixés, en choisissant pour objet le musée lui-même. 

Nous veillons aussi dans nos choix à la plus grande diversité possible, de sorte que tous les publics du musée mais aussi les lecteurs qui n’y sont pas encore venus se retrouvent dans la collection. De Philippe Forest à Emmanuelle Pagano, d’Ananda Devi à Simonetta Greggio, les récits sont des plus variés et les objets choisis des plus éclectiques.

Momie de chat
Egypte ©  Pierre-Olivier Deschamps / Agence VU'

Comment se passe le choix des pièces du musée au coeur du livre, est-ce un travail commun avec les auteur.trice.s, des suggestions de votre part, un mélange des deux  ? 

Avant leur venue au musée, les auteurs ont une petite idée de l’objet pour leur récit. La description générale du musée et ses collections ont souvent amorcé l’envie d’écrire ou au moins leur curiosité. Ils nous confient parfois un sentiment de vertige, une impression de ne jamais pouvoir se fixer sur un objet tant la chronologie et les géographies sont vastes ici.

Machine à chiffrer de type TSEC/KLB-7
Etats-Unis © Pierre-Olivier Deschamps / Agence VU'

Et puis, bien souvent, la visite du musée aboutit à un tout autre choix. Dans l’une de nos expositions, une pièce aura retenu toute leur attention, aura résonné dans leur histoire personnelle, dans leurs recherches du moment. Cette attraction pour une pièce en particulier est de celle, qui lorsque nous visitons une exposition nous font revenir sur nos pas, et regarder toujours plus attentivement, un tableau ou un objet qui frappe à la porte de notre imaginaire. Ce choix est alors comme un choc et traduit comme une évidence. Il est alors rare que l’auteur hésite encore. Et puis c’est la force de l’écriture qui fait le reste. 

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